Crédit immobilier : Une lueur d'espoir, la hausse des taux touche à sa fin
Les experts en courtage estiment que le sommet des taux de crédits immobiliers pourrait être atteint dès janvier 2024. Les banques ont progressivement ralenti l'escalade des taux au cours des derniers mois, apportant un soulagement bienvenu aux emprunteurs.
La fin de deux années difficiles pourrait être en vue. Les taux des crédits immobiliers pourraient atteindre leur point culminant dès le début de l'année 2024. "La perspective d'une stagnation des taux à partir du premier trimestre 2024 est plausible, à condition que le coût de l'argent se maintienne de manière stable pour les banques", prédit Cécile Roquelaure, porte-parole du courtier Empruntis. "Cela pourrait même se produire dès janvier", ajoute Pierre Chapon, fondateur de la Fintech Pretto.
Plus difficile à estimer, les professionnels du secteur s'accordent à dire que le niveau des taux ne dépassera pas la barre des 5%. Sur une période de 20 ans, ces taux pourraient se stabiliser entre 4,50% et 4,70% (contre 4,30% actuellement). "Certaines banques pourraient dépasser les 5%, mais la moyenne restera bien en dessous", confirme Cécile Roquelaure. Mieux encore, Côme Robet, président de la CNCEF Crédit, note : "Depuis début octobre, nous constatons très peu de hausses, et certaines banques qui étaient montées un peu trop haut décident même d'appliquer des baisses de taux."
Un problème de demande plutôt que d'offre La principale raison de cet optimisme réside dans le fait que les banques appliquent des hausses de taux de plus en plus modérées depuis septembre, car beaucoup d'entre elles auraient atteint leur seuil de rentabilité. Ce contexte positif s'explique en partie par la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'interrompre, le 26 octobre, sa politique de hausse des taux directeurs, stabilisant ainsi le coût de l'argent pour les banques. De plus, le taux de la dette française, connue sous le nom d'obligations assimilables du Trésor (OAT), sur 10 ans - un facteur sur lequel les banques se basent pour établir leurs grilles de prêts - est resté stable à 3,2% depuis cet été, malgré quelques fluctuations en septembre.
En résultat, les banques, qui avaient restreint l'accès au crédit pendant plusieurs mois, sont de retour sur le marché, cherchant à attirer de nouveaux clients. Les obstacles persistants sur le marché du crédit proviennent donc moins de l'offre que de la demande. La hausse des taux a d'abord impacté le pouvoir d'achat des ménages : "Passer d'un taux de 1 à 4% représente une perte de 30% de la capacité d'emprunt", souligne Pierre Chapon. Les règles du Haut conseil de stabilité financière (HCSF), qui plafonnent à 35% la part des revenus nets des ménages consacrée au remboursement d'un crédit immobilier, ont financièrement bloqué les ménages, mais aussi psychologiquement : "Certains foyers solvables n'osent même pas concrétiser leur projet, persuadés qu'il est impossible d'emprunter à 4% ou 5%", déplore Côme Robet.